“Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit.”
Charles Péguy – Notre jeunesse (1910)
Mme Souâd Ayada, ancienne présidente du Conseil supérieur des programmes
Photographie de Sébastien SORIANO pour le Figaro
« Un programme, c’est essentiellement ce qu’en fait un professeur. »
Qui énonçait cette vérité ? Mme Souâd Ayada, qui fut présidente du Conseil supérieur des programmes au ministère de l’Éducation nationale de novembre 2017 à février 2022.
Arrêtons-nous un instant sur son parcours, personnel et professionnel, car il ne peut qu’intéresser les élèves et anciens élèves de Saint-Joseph, tout particulièrement les jeunes filles. Née au Maroc en 1970 et arrivée en France à l’âge de 4 ans, ayant la double nationalité franco-marocaine, cette fille d’ouvrier prouve que la promotion sociale par le travail, ce que l’on appelle la « méritocratie républicaine », est encore possible dans notre pays.
À 23 ans, elle est reçue à l’agrégation de philosophie. Pendant plus de quinze ans, elle a enseigné la philosophie en classes de terminale et en classes préparatoires aux grandes écoles. En 2009, elle soutient une thèse de doctorat en philosophie sur les arts dans l'islam. Au sujet des religions, elle met en avant que « l’enseignement du fait religieux […] doit viser avant tout la connaissance historique […] La laïcité suppose de reconnaître les religions, et pour les reconnaître, il faut les connaître ».
Dès son arrivée à la tête du Conseil supérieur des programmes, elle constate que « bien souvent, les élèves ont du mal à rédiger, à organiser leur pensée, à respecter des règles logiques. Il n'est pas rare de rencontrer des élèves qui confondent la cause et la conséquence ».
Concernant les programmes, qui sont trop souvent l’alpha et l’oméga de l’action des enseignants, elle rappelle qu’ils fixent seulement « un cadre national et des objectifs communs ». C’est rappeler qu’avant et au-dessus des programmes du collège, il y a le Socle commun de connaissance, de compétence et de culture qui est le décret d’application de la loi sur l’enseignement. D’où sa conclusion : « En France, on a tendance à sacraliser les programmes, à leur prêter des pouvoirs excessifs. Mais un programme, c’est essentiellement ce qu’en fait un professeur. Les professeurs sont particulièrement invités, aujourd’hui, à se saisir de leur liberté pédagogique ». (Entretien, Le Figaro du 3 juillet 2020)
C’est exactement ce que je fais avec le site histoire-en-cours.com qui est basé sur le Socle commun et ouvert à l’enseignement du fait religieux (CHR). Ainsi, je mets à profit cette liberté pédagogique pour adapter en permanence les programmes à l’actualité et à la situation particulière de nos élèves, issus majoritairement de l’immigration.
D’autre part, les quatrièmes n’ont plus de manuel, tous les cours étant téléchargeables sur mon site. Faut-il le regretter ? Sûrement pas si on lit ces déclarations de Mme Ayada : « Le Conseil supérieur des programmes n’a aucun pouvoir sur le contenu des manuels scolaires. […] Les éditeurs scolaires, eux, ne sont tenus à rien, pas même de s’assurer de l’exactitude des contenus qu’ils diffusent ! […] Les manuels scolaires ne sont pas les programmes scolaires » ! (Entretien, Le Figaro du 12 novembre 2021)
Haut les cœurs ! Longue vie à histoire-en-cours.com
M. de Fraguier
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